Dans son Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de … si proche de l’écriture théâtrale paru en 1776, Diderot aborde la religion en philosophe décomplexé, ennemi des superstitions, défenseur libre de la Raison, face à un pieux faire-valoir incarné par une dévote d’un autre âge.
Deux siècles ont passé et sous la plume du philosophe Alain Guyard, la Maréchale a pris corps. Le quasi monologue d’origine cède la place à une authentique dispute philosophique. Naguère triomphant, le philosophe incarné par François Bourcier (Lettres de délation, Résister c’est exister…) se voit remis en cause dans ses tendres utopies rousseauistes et d’honnête matérialiste. Devenue cynique, hédoniste, ambigüe, la Maréchale interprétée par Annick Gambotti (Noces, Le Roi se meurt…) transforme le libertinage en grand art, ironie, dissimulation sensuelle des âmes plus encore qu’offrande facile des corps.
D’elle, Alain Guyard et François Bourcier disent qu’elle a assez lu pour rire de la déesse Raison, et assez joui pour comprendre que tout visage dénué de masque est celui de la mort, et que le masque sans visage reste la dernière élégance de la vie.