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Race[s]  

 

 

Télérama

Seul en scène, François Bourcier incarne ces « braves gens » qui, pour des raisons souvent obscures, mais toujours nauséabondes, se sont transformés en « corbeaux ». Leurs cibles ? Les Juifs, les communistes, les francs-maçons entre autres. Superbe et bouleversant spectacle conçu d’après un livre d’André Halimi, «Lettres de délation» n’est pas un réquisitoire, juste un témoignage aussi dérangeant que salutaire. Télérama.


Les Trois Coups

...Seul en scène, François Bourcier incarne un Buster Keaton aux yeux hagards, des yeux comme des miroirs. S’y reflètent le monde et son horreur. Avec l’éternel émerveillement du poète qui regarde chaque fois le monde comme pour la première fois, il arrive nu sur scène, vierge de toute abjection. Son simple regard est un acte de résistance.

Lettres de délation n’est pas un réquisitoire, juste un témoignage. Pas d’artillerie lourde. Dans un décor fait de baluchons et de valises pendus au plafond, François Bourcier épouse avec justesse chacun des auteurs des lettres qu’il dévoile. Des lettres qui pleuvent de sacs qui se crèvent : les médiocres vident leur sac. Une concierge, un avocat, un médecin, un curé ou une mère de famille… On en a la nausée.

François Bourcier, en clown triste, est remarquable. La scénographie comme les lumières sont d’une grande finesse et les musiques parfaitement accordées. Il parvient avec retenue, mais l’abject à fleur de peau, à dire l’innommable. Un spectacle bouleversant. Une résistance sans éclat, qui mine de l’intérieur toutes nos petites lâchetés : la dernière lettre est datée de 2004...